Rapports de Moran
Estezia le huitième du Centaure
Je me suis immédiatement rendu au quartier des
Amphores. Sur les quais nous y avons en effet recensé trois navires sans
bannière ni couleurs d'où allaient et venaient une dizaine d'hommes. Ils sont
expert dans l'art de la maraude et n'ont jamais découvert leurs visages. Une
femme se rend régulièrement aux pontons. Elle ressort à chaque fois des navires
avec une escorte d'hommes masqués sous leurs hauts habits. Deux d'entre eux
sont bossus et ont une allure boiteuse. Deux autres sont d'allure immense,
ogresque, bien que plutôt leur silhouette soit extrêmement fine. Je ne connais
pas leur peuple. Ils sont voûtés et leurs bosses semblent dissimuler des
besaces ou autres artifices étrangement mouvants.
Estezia le neuvième du Centaure
Trois des hommes dont un bossu et un géant
voûté ont suivi la femme venue au crépuscule les chercher aux Amphores. Ils se
sont rendus aux Tours Noires. Ils y ont pénétré par effraction sans pourtant y
laisser de traces. Ils sont rentrés par la porte Cloatara et semblaient savoir
précisément où se rendre. Ils ne sont restés à l'intérieur qu'un bref moment et
sont ressortis par cette même porte chargés de deux petits balluchons bariolés
de poussière colorée qu'ils ont rapidement dissimulé sous leurs pagnes. Ils ont
regagné leurs navires.
Estezia le dixième du Centaure
La femme a pénétré dans le plus grand des trois
navires mais n'en ai jamais ressortie. Pourtant, un de mes hommes l'a aperçue
au sortir de la ville, non loin de la porte Sagelli, pénétrant dans la roulotte
d'une grande caravane en comptant une dizaine et sévèrement gardée par une
petite armée de cavaliers en grandes armures. Dès qu'il m'a prévenu je m'y suis
rendu, mais il m'a été impossible de vérifier : les roulottes avaient
disparues. La femme réapparut pourtant peu après dans la ville, non loin de la
porte Sagelli.
Estezia le onzième du Centaure
Aux Amphores l'agitation est importante : nous
avons compté environ vingt-deux personnages différents qui circulent autour des
trois navires amarrés. La femme est passée non loin de moi : ses traits sont
parfaits, sa beauté est remarquable bien qu'elle soit d'une maigreur extrême.
Sa peau a d'étranges reflets bleutés. Je l'ai suivie pendant quelques instants
et elle semble avancer sans que ses pieds ne touchent le sol mais n'en suis pas
sûr : sa longue capeline les couvrait.
Au milieu de la nuit, elle s'est présentée sur
le ponton et s'en est retournée avec six hommes sans même avoir échangé le
moindre mot, j'en suis certain. Ils se sont rendus aux Tours Noires une
nouvelle fois et ont pénétré dans la Tour des Sens. Ne réapparaissant pas j'ai
décidé d'y pénétrer également avec un compagnon. Nous avons retrouvé leurs
traces aux Donjons des Vapeurs dont la porte des loges étaient béantes,
fracturées. La serrure en métal avait fondu. Mais aucune trace des intrigants.