L'Armgaredon est composé de quinze volumes épais de plus de trois milles pages chacun. Les reliures sont en cuir noir, mais il est impossible d'identifier la créature dont il provient. Le titre et le numéro du volume, inscrits en lettre d'or avec l'alphabet d'Armgarde, sont notés quatre fois : une fois dans une langue inconnue – que l'on présume être celle du défunt Empire d'Armgarde –, une fois en Langue Sacrée, une fois en Janrénien, et une fois en Urguemand.
Quiconque n'est pas originaire ou n'a pas de parenté en Urguemand, Janrénie ou Province Liturgique subit un violent choc électrique quand il touche le volume, et dès lors en a une peur panique et n'ose plus l'approcher. Un Harmoniste de la Cyse reconnaîtra là un puissant effet de Cyse.
Les pages de l'Armgardon sont en parchemin très fin, et ne semblent pas avoir souffert du passage du temps, aussi blanches qu'à leur création, et pas la moindre craquelure ou déchirure ne les endommage.
Le texte est écrit dans la même langue que celle utilisée en premier sur la couverture, mais un Janrénien pourra, après quelques minutes d'observation, voir l'agencement des caractères se modifier pour livrer un texte écrit en Janrénien. Un Urguemand et un Liturge obtiendront le même effet dans leurs langues respectives. Il s'agit d'un autre effet de la Cyse.
L'Armgaredon semble relater avec un luxe de détails inouïs l'histoire des territoires constituant l'Empire d'Armgarde depuis sa fondation. Y sont abordés des sujets aussi nombreux que l'évolution technologique, l'avancée culturelle, la situation politique, les us et les coutumes populaires et nobles, etc, toujours de manière très précise pour ne pas dire pointue.
A partie du treizième volume, l'Armgaredon décrit l'éclatement de l'Empire entre les trois états qui en sont aujourd'hui les héritiers, puis il continue son travail de chronique sur les trois nouveaux Royaumes. A l'occasion, il évoque brièvement Lyphane et la République Mercenaire, quand des courants s'inspirant de l'Empire d'Armgarde prennent naissance dans ce qui fut, selon ses propres termes, les marches avancées de l'Empire. Bizarrement, les Lyphaniens et les Mercerins n'ont pas pour autant accès au livre ni à ses passages concernant leurs patries.
Le quinzième volume s'interrompt aux deux tiers du livre. Les derniers événements évoqués concernent le meurtre de Lizoia, et l'ouvrage relate son propre vol. Les Rôles, selon leurs engagements, y seront évoqués ou pas.
Si les Rôles consultent plusieurs jours l'Armgardon, ils s'apercevront qu'un passage est rajouté chaque fois qu'un événement concernant les Royaumes héritiers de l'Armgarde a lieu. Monter la garde auprès du livre ne gêne nullement la rédaction.
Si les Rôles restent dessus les yeux ouverts, ils assisteront au prodige des caractères apparaissant tous seuls, semblant naître des feuilles mêmes. Un Harmoniste de la Geste percevra sans difficulté la puissante Œuvre permettant à l'ouvrage de voir à travers l'espace l'écoulement du temps, mais il n'entendra rien au mystère des caractères naissant seuls, et modifiant leur agencement selon le lecteur.
Bien sur, il s'agit d'une
Œuvre d'Ecriture…