OLFIAS
Satyre, Conseiller
diplomatique
(Dantros)
Histoire ou Légende
(feuille de personnage)
Je rentrai dans le salon, ou du moins une pièce de taille moyenne très joliment décorée, recouverte de tentures et de tableaux. Sur le mur de droite devant une grande cheminée dans laquelle brûlait un feu, on trouvait deux étranges fauteuils. Le premier pouvait contenir au moins trois humains, très beau, recouvert d’un velours vert d’eau et de multiples coussins finement brodés. Il avait l’air taillé dans un unique morceau de bois ce qui lui donnait une étrange stabilité, comme si l’arbre lui même avait décidé de se planter là. Les différentes scènes sculptées, représentant des créatures étranges au milieu de forêts, ne faisaient que renforcer cette impression. Le second beaucoup plus petit, comme un fauteuil pour enfant, tordu et au tissu déchiré trônait juste en face. Entre les deux une table basse sur laquelle était disposée un carafon contenant un liquide rouge, très certainement du vin, quelques livres, des parchemins et un jeu d’échec. La partie en cours n’avait pas due évoluer depuis fort longtemps à en juger par l’épaisse couche de poussière qui y reposait. En face de l’entrée, l’unique mais grande fenêtre de la pièce était entrouverte et laissait passer un léger vent frais par cette douce nuit de printemps. Les rayons de lune créaient une lumière légère assez agréable. Cette pièce avait quelque chose d’irréel, de hors du temps et l’on s’y sentait tout de suite fort bien.
L'endroit semblait désert et cela m’arrangeait bien. Je rangeai ma dague et me dirigeai vers le bureau se trouvant à côté de la fenêtre pour effectuer ma besogne. Profitant des épais tapis pour ne pas faire de bruit, j’arrivai au bureau que je m’apprêtai à fouiller lorsque résonna, à ma gauche, le bruit de différents objets tombant sur le sol. Immédiatement, la dague à la main, je pivotai pour voir un énorme coffre ouvert, crachant de multiples objets, boîtes, plumes, tissus, dagues, chapeaux… Oubliant les racontars superstitieux que j’avais entendu sur la tour dans laquelle je me trouvai, je me dirigeai vers ce coffre cracheur prêt à le pourfendre si nécessaire. Ma surprise fut grande de voir au fond de cet immense coffre un diablotin en chemise et bonnet de nuit, une plume couleur de feu sur l’oreille fouillant frénétiquement ce coffre comme si sa vie en dépendait.
- Mais où est-elle !!?? C’est incroyable
ça, par tous les démons des abysses !!
- Puis je vous aider ?
Il sursauta si violemment qu’il se cogna
la tête contre le bord du coffre et le couvercle retomba violemment
tel une tombe scellée à jamais. Le sourire aux lèvres
mais la dague à la main (il ne faut jamais se fier à un démon,
même un de petite taille et surtout si il a l’air inoffensif), je
relevai prudemment le couvercle du coffre pour y trouver le diablotin assis
sur une pille de tissus se frottant la tête. L’air éberlué,
il leva la tête vers moi et me fixa, d’un air perplexe et furieux.
- Mais qui êtes vous et que faites vous
ici !? Je ne crois pas vous avoir invité !
- Faltias, pour
vous servir mon seigneur.
- Ne vous moquez pas jeune avorton !! je
ne suis pas d’humeur, comment êtes vous arrivé jusqu’ici ?
- Par la porte, puis le couloir et
enfin l’escalier.
- Mmm… je vois que Dialtruis fait fort mal
son travail. Enfin… Aidez moi à sortir de là au lieu de me
regarder ainsi !
Je lui tendis la main pour le soulever hors du coffre. Une fois les pieds au sol, il réajusta son bonnet et se dirigea vers son petit fauteuil dans lequel il s’assit. Après avoir bu une longue gorgée du verre posé devant lui il reposa ses petits yeux sur moi et un frisson me parcouru.
- Alors monsieur Faltas
- Faltias
- Oui oui monsieur Faltra, qu’est ce qui
vous amène chez mon maître ? Surtout sans y avoir été
invité ? A votre allure je présume que vous recherchez quelque
trésor, ou objets précieux ?
- Pas exactement, disons que je recherche
un objet en particulier.
- Bien, bien. – Il repris une gorgée
dans son verre.- Et quel objet et pourquoi ici ?
- Je cherche la plume
d’Olfias.
Le diablotin manqua de s’étrangler
et recracha son vin sur le tapis, je crus d’abord avoir enfin trouvé
ce que je recherchais, mais je réalisai que le diablotin était
en fait en train d’exploser de rire. Il commença à se rouler
au sol se tenant les côtes et son rire envahît la salle, ce
qui lui redonnait un instant une vie depuis longtemps oubliée :
je crus voir des ombres et des formes bouger dans la pénombre de
la pièce, riant de concert avec le diablotin.
Il lui fallut un bon moment pour se calmer
et retrouver assez de contrôle pour se rasseoir sur son fauteuil.
C’est avec un immense sourire et les larmes aux yeux qu’il s’adressa de
nouveau à moi.
- Asseyez vous donc cher ami et je vous sers
quelque chose à boire ? Je crois qu’il faut que je vous raconte
une histoire qui devrait vous éclairer un peu sur votre quête.
Je pris place sur l'étrange fauteuil
géant face à lui et immédiatement je me sentis calme
et reposé. Il se saisît d’une cordelette fixée au plafond
et pendant à côté de son siège. Il tira deux
coups sec. Puis il me servit un verre de vin qui se révéla
fort bon.
Après un long silence pendant lequel
il regardait dans le vide comme si il cherchait dans sa mémoire
le début de son histoire, il reprit la parole.
- Allez donc chercher sur l’étagère
derrière vous le gros livre à la tranche rouge, ainsi que
l’encre qui se trouve sur le bureau.
Je m’exécutai et revins à ma
place. Il me tendit la plume couleur de feu qui reposait sur son oreille.
Je la pris et fût étonné de la douce chaleur qui s’en
dégageait.
- T’en qu’à vous conter cette histoire,
autant qu’elle soit notée, je ne suis pas éternel. Vous savez
écrire au moins ?
- Oui, oui ! – dis je fort intrigué
par ce personnage qui semblait vouloir me conter un grand secret.
Il faut dire que ça faisait maintenant
trois ans que je cherchais la plume d’Olfias
et à ce que j’en avais entendu dire dans les Terres Veuves, les
pouvoirs qu’elle recelait me permettraient enfin de rendre la belle Carilte
amoureuse de moi. J’étais donc prêt à tout, même
écouter et transcrire les histoires d’un diablotin en bonnet de
nuit.
J’ouvrai donc le livre qui était d’une
bonne épaisseur et je commençai à le feuilleter. Plusieurs
écritures se succédaient et à la fin de chaque texte
de une ou plusieurs pages, on trouvait une signature. Les encres étaient
de multiples couleurs, certaines fort originales. Chacune donnait au texte
une nouvelle dimension comme si un état d’esprit, un sentiment ou
une impression y étaient associés.
Je feuilletai le manuscrit jusqu'à
la première page vide qui se trouvait environ au milieu du livre
et je m’installai confortablement pour pouvoir écrire. Au moment
de tremper ma plume j’entendis un cri venant de devant moi.
- Non !!! Pauvre fou !! C’est pas croyable
ça !!
- Mais quoi, qu’ai je fais de mal ?
– demandais je à la fois surpris et terrorisé par le regard
devenu si noir du biablotin. Il reprit un air naïf mais ce que je
venais de voir m’avait glacé le sang.
- Excusez moi, mon ami. – dit-il d’un ton
presque mielleux – vous ne pouvez pas savoir, j’ai tendance à oublier
que la plupart des gens est ignorante hi hi hi. Il faut ouvrir cette encre
avec grande précaution et y ajouter deux gouttes de l’encre verte
et trois de la rouge, vous les trouverez dans le bureau, le tiroir de droite.
Je me relevai donc, allai au bureau, ouvrai le tiroir et y trouvai de nombreuses fioles remplies de divers liquides. Je remarquai les deux qui m’intéressaient et les montraient au diablotin pour avoir son approbation qu’il me donna immédiatement. Je commençai donc à ouvrir mon encre qui avait une couleur bleue nuit avec des reflets jaunes et oranges. Je devins très précautionneux lorsque je vis du coin de l’œil le diablotin se glisser discrètement derrière son fauteuil les mains sur le tête. Une fois le mélange effectué une légère fumée acre se dégagea de mon encre. Je repris ma place sur le grand fauteuil et le diablotin reprit la sienne avec un étrange sourire qui peignait son visage. Il griffonna quelques notes sur un parchemin à côté de lui puis se ré-intéressa à moi.
- Bon revenons à notre histoire. Donc pour bien comprendre l’histoire de la plume d’Olfias il faut que je vous raconte l’histoire complète de mon maître, ou du moins sa jeunesse. Comme vous le savez certainement Olfias est un satyre originaire des Terres Veuves du moins c’est ce que l’on pense. Il a été trouvé alors qu'il n'était qu'un bébé devant les portes de chez dame Finélide, une méduse conseillère de la reine. On trouva donc Olfias dans son couffin avec comme seule possession un parchemin sur lequel était écrit son nom. Dame Finélide fut attendrie par cet enfant satyre et décida de l’élever…
Le diablotin me racontai, avec moult détails,
la jeunesse d’Olfias, comment il vécût dans le doux confort
de la demeure de dame Finélide, choyé comme un prince par
sa mère adoptive et ses nombreuses servantes. C’est dans cet environnement
qu’il développa, au dire de Dantros,
c’est le nom de cet étrange diablotin,
ses dons de séducteur et de diplomate. Ne pouvant être élevé
comme une méduse, à son grand regret car la perspective de
se retrouver dans une école exclusivement de méduses le ravissait,
il fut placé sous la tutelle de maître Giltraïs qui lui
apprit à lire, écrire, compter et qui éveilla ses
dons pour la prose et la musique. Olfias se révélait être
doué pour les langues et loin d’être maladroit de ses mains,
seul peut être son amour des femmes et son côté dispersé
le détournaient des chemins que traçait pour lui maître
Giltraïs. Celui-ci était comme un père pour Olfias et
à sa mort il resta inconsolable pendant plusieurs mois, n’ayant
plus goût à rien.
Les années passant, Olfias devint
logiquement l’accompagnateur de dame Finélide
dans ses pérégrinations et plus particulièrement à
l'occasion de ses voyages diplomatiques. Son
rôle se généralisa ensuite à de nombreuses méduses
des Terres Veuves. Il devint une des armes secrètes
de la diplomatie des Terres Veuves, il voyageait beaucoup, et était
charger de trouver des informations ou des moyens de pression par quelque
méthode que ce soit. Evidemment sa technique favorite était
généralement de finir dans le lit des femmes desquelles il
soutirait les confidences les plus intimes. Sa mémoire eïditique
étant aussi un atout majeur.
Cette vie aurait pu rester comme telle jusqu’à
sa mort si plusieurs évènements ne l’avaient chamboulée.
- C’est à cette époque que
j’ai
rencontré mon maître - dit Dantros – hi hi hi ! Il
était encore assez jeune et ignorait beaucoup de lui. Un jeune coq
sans cervelle un peu comme vous.
Je préférai ne pas relever la
remarque de peur qu’il ne décide de s’arrêter.
- Donc à cette époque mon maître
était en mission d’accompagnement de dame Tilsiane en Abyme.
Une mission délicate pendant laquelle il devait réussir à
s’emparer d’un objet très personnel appartenant à un Gros
de cette ville de façon à ce que dame Tilsiane puisse faire
pression sur lui pour obtenir une alliance commerciale. Malheureusement
il dut y avoir des fuites et dame Tilsiane et Olfias furent kidnappés
et envoyés aux abysses, hi hi hi chez moi quoi.
- Mais, sans vouloir vous vexer quel rapport
avec la plume d’Olfias ?
- Et voilà c’est bien les humains
ça ! On leur raconte une belle histoire avec des intrigues, des
enfers, de l’émotion, des pleurs et eux ils ne s’intéressent
qu’aux trésors. Mmmm…
- Excusez moi monsieur Dantros.
- Pas de lèche botte petit avorton
à peine sevré. J’en étais où déjà
?
- L’arrivée de Olfias aux abysses.
- Ah oui !! Donc il passa quelques temps
emprisonné et c’est là que je fis sa connaissance. Je me
souviens encore avec une certaine émotion de cette rencontre. J’avais
été chargé par ma hiérarchie de, comment dire,
devenir le guide spirituel d’Olfias hi hi
hi ! Je me dirigeai donc vers sa demeure et le trouvai en train de déclamer
des poèmes aux murs hi hi hi ! Si je vous le jure. Je crois qu’il
commençait à perdre un peu la tête. Je devins donc
son maître et lui appris les règles
des abysses, sa hiérarchie, quelques rudiments d’invocation
démoniaque toutes ses babioles qui lui furent si utiles plus tard.
- Olfias est donc un invocateur
?
- Bien sur, que croyez vous que je fasse
ici imbécile ! De la couture peut être ? Mais Olfias s’obstinait
à se vouloir poète et musicien et il faut bien avouer qu’il
y a dans ses vers quelque inspiration fort lumineuse
hi hi hi.
- Donc il serait également un…
- Un quoi ?
- Non rien continuez - Dantros me regarda
d’un nouvel œil comme s'il cherchait à voir quelque chose qu’il
n’avait point décelé auparavant. Puis il reprit son récit
:
- Il réussit par je ne sais quelles
manigances à se lier d’amitié avec un minotaure,
Gruturu,
à qui il contait les beautés du monde extérieur. Le
travail de sape d’Olfias sur Gruturu donna rapidement ses fruits et le
minotaure décida de s’enfuir des Abysses
en emmenant Olfias avec lui. Ce qu’il advint de dame
Tilsiane reste un mystère et mon maître ne me l’a jamais
dit. Mais il a dû se passer quelque chose de
grave pour elle lors de son évasion, c’est une certitude.
Il reprit une gorgée de ce bon vin,
tendit la main vers l’échiquier comme pour bouger une pièce.
Il saisît le fou, puis se ravisa et se renfonça dans son fauteuil
l’air penseur.
- Evidement, – dit-il après quelques
minutes de pause - je le retrouvai dehors et m’attacha
à ses services. Nous quittâmes Abyme pour retourner
dans les Terres Veuves. Olfias passa beaucoup de temps à étudier
sa prose et délaissait quelque peu son emploi d’accompagnateur de
diplomates. Cette période fut d’un ennui mortel pour moi ; heureusement
les palais des Terres Veuves sont grands et pleins de distractions pour
qui sait s’amuser… et dans ce domaine je crois n’être pas mauvais,
hi hi hi.
Après cette phrase Dantros laissa tomber sa tête en arrière et eu l’air de s’endormir. J’attendis patiemment son réveil et en profitai pour fouiller un peu cette pièce car je sentais bien que Dantros allait faire durer l'histoire avant de me dire ou se trouvait la plume d’Olfias. Je ne trouvai malheureusement rien d’intéressant.
Au bout d’une heure peut-être, il se
réveilla, me regarda en s’étirant longuement et en se curant
ce qui lui servait de nez.
- Vous êtes encore là ?
- Oui, bien sûr, vous ne m’avez pas
encore dit ce que je voulais entendre.
- Oui, oui.
- Alors ?
- Mangeons d’abord un peu avant de reprendre
ce récit.
Il se saisit de la corde qui pendait à
côté de son fauteuil et tira un coup. Je réalisai alors
que lorsqu’il avait fait ça la dernière fois il ne s’était
rien produit et je commençai à me méfier.
Au bout de quelques minutes la porte s’ouvrit
et je ne pus m’empêcher de dégainer ma dague. Un
démon énorme était en train de se baisser pour
passer la porte. Je vis que Dantros souriait en me voyant.
- Je vous présente Dialtruis, notre chef cuisinier et également, lorsqu’il ne l’oublie pas, le gardien de ces lieux.
Le démon entra, poussa les livres sur
la table et posa un grand plateau empli de plats divers qui avaient l’air
fort bon, du moins l’odeur qui s’en dégageait me fit automatiquement
saliver. Puis Dialtruis me regarda en souriant, ce que je n’appréciai
guère, et s'en retournait. Nous mangeâmes des plats succulents
même si pour certains je ne parvins pas à en déterminer
tous les ingrédients, ce qui me faisait parfois frissonner surtout
que Dantros, remarquant mon hésitation devant certains morceaux
de viande, commença à en jouer.
- Mais mangez donc, ce n’est pas tous les
jours que l’on a de la chair d’enfant de moins de huit ans, c’est rare
vous savez ? hi hi hi, je plaisante, mangez sans crainte.
Il m’expliqua pendant le repas comment Dialtruis était devenu maître cuisinier et garde de cette tour jusqu’à la mort d’Olfias. Olfias devint propriétaire de cette tour et invoquât un démon bien particulier connu pour aimer ne rien faire à part manger et cuisiner. Ils signèrent une connivenceun peu étrange, Dialtruis s’engageait à faire la cuisine et le gardiennage de cette tour et en échange elle lui appartiendrait après la mort d’Olfias, il y avait un autre point à la connivence mais Dantros refusait de l'évoquer.
Après le repas, Dantros s'alluma une
pipe et se réinstalla confortablement dans son fauteuil.
- Bon où en étions nous ?
- Olfias venait de fuir d’Abysse et était
de retour dans les Terres Veuves.
- Ah oui ... il ne se remit jamais totalement
de la disparition de dame Tilsiane et devint un peu morose, ses nuits devinrent
agitées et il passa pratiquement deux années à écrire
et faire la fête jusqu’à épuisement. Puis advint un
événement qui changea sa vie. Il rencontra un homme qui lui
révéla
sa nature d’inspiré et il se souvint alors de son passage
devant le conseil des décans. Il décida
alors de repartir sur les routes pour combattre le
Masque. Je pense, si je ne me trompe pas, que toutes ces choses
ne vous sont pas inconnues cher Faltias.
- Heu, mais comment savez vous ?
- Hi hi hi, disons que je vois certaines
ombres que le commun des mortels ne peut déceler.
Je redevins méfiant, je savais que
les démons servent l’Ombre
qui est l’alliée du Masque et donc
mon ennemi et pourtant je n’arrivais pas à considérer Dantros
comme un ennemi, ce qui causera sûrement ma perte.
- Donc Olfias repartit sur les routes ? et
que fit il ?
- Oh il rencontra d’autres
inspirés, ils décidèrent de monter une compagnie
et de combattre le Masque par tous les moyens, mon maître déteste
la perfidie au plus au point.
- Et la plume d’Olfias alors.
- J’y viens, j’y viens. Mais vous allez être
déçu je pense. Lors d’une de ses aventures dans le désert
de Keshe, il croisa un Phénix
et pu récupérer plusieurs de ses plumes.
Elles devinrent ses plumes d’écriture, lui offrant une
inspiration accrue lorsqu’il écrit avec. Il a composé
ses plus belles œuvres poétiques avec ces plumes et c’est pour cela
qu’est née une légende comme quoi ces plumes détenaient
le pouvoir de rendre les femmes amoureuses,
hi hi hi. Mais il n’y a aucune magie dans ces plumes, à part peut
être quand elles se trouvent dans ses mains.
- Ce n’est pas possible ! Vous mentez !
- Je suis désolé mais c’est
la stricte vérité. Vous tenez l’une de ces plumes depuis
plusieurs heures, avez vous ressenti la moindre magie ?
Je fus stupéfait par cette révélation
et je regardai la plume que je tenai dans la main tel un joyau, ses couleurs
variaient subtilement, tel un feu vacillant au vent. Mais ce que m’avait
dit Dantros me semblait effectivement évident, cette plume ne valait
rien sans la bonne main pour la faire vivre, et je n’étais pas la
bonne main, mes œuvres étaient musicales et non écrites.
Je trempai une dernière fois la plume
dans l’encrier, signai le livre à la fin du long texte que je venais
d’écrire. Puis je rendis la plume à Dantros qui la remit
négligemment sur son oreille. Il me sembla percevoir un regard de
compassion dans ses yeux, ou peut être était-ce ce que je
voulais y voir.
- Merci Dantros, je vais partir maintenant.
- Ce fut un plaisir de vous rencontrer, vous
m’êtes sympathique. Repassez quand vous voulez.
Il saisît la cordelette et tira deux
coups.
Je me dirigeai vers la porte, me retournai
une dernière fois pour balayer du regard cet étrange lieu,
puis je partis.