Sommaire :

 Acte I : De Lorgol à Dragstalle
 Acte II : Un pont vers les ennuis
 Acte III : A suivre...

Nous avions tous hâte de quitter Farona et je crois que la nouvelle mission de Memneth pour le Cryptogramme Urguemand fût un bon prétexte…Qu’avions nous en effet à faire des histoires du Cryptogramme, surtout lorsque nous n’étions pas payés ?

Mais enfin, l’automne approchait et la mission de Memneth semblait sur plusieurs points intéressante. Il devait en effet assister le mage Linsin qui devait se rendre sur l’île de Dragstalle. Cette île allait prochainement rouvrir ses portes et son école de magie fermée depuis 70 ans, allait elle aussi de nouveau accueillir des étudiants. Le mage Linsin était envoyé en tant que diplomate du Cryptogramme pour veiller au bon déroulement de cette réouverture et Memneth devait enquêter sur le pourquoi de cette affaire. Bref, c’est avec un certain plaisir que nous regagnâmes Lorgol afin de glaner quelques informations sur cette île.

Après diverses recherches de Memneth au cryptogramme, Zenekin chez ses amis de l’équerre et de moi même à la bibliothèque de Lorgol voici en bref les informations dont nous disposions :
- Dragstalle est un protectorat Urguemand situé à 3 jours à peine au sud de Lorgol et réputée pour ses forges et ses richesses minières. Dragstalle était apparemment également pleine de curiosités architecturales, la principale étant son pont, une œuvre datant de la flamboyance de plus de 500 mètres la reliant au continent.
- Dragstalle est gouvernée par le conseil des hautes pierres, une représentation collégiale des principales guildes de la ville.
- Le commerce avec le reste du continent (principalement la République Mercenaire) s’effectue par des comptoirs marchands situés sur le continent juste après le pont.
- Ce conseil se réunit chaque année, 3 jours après le début de l’automne pour promulguer ses décrets applicables pour l’année qui vient. C’est ainsi que l’école de magie fût fermée il y a 70 ans. De plus, il y a 2 ans, ces sages ont décrétés la fermeture de l’île à tous les étrangers. L’île vit en complète autarcie depuis, mais sa réouverture (ainsi que celle de l’école de magie) a été annoncée pour cette année au cryptogramme.
- Ce conseil décide également chaque année des objets qu’il est interdit de produire et des zone où il est interdit de miner.
- L’école des lumières bleues fut fermée après un accident : Le mage Sulta se promenait dans les mines lorsqu’il vit au loin des humains difformes. Ses danseurs se mirent alors à exécuter des danses totalement hors de contrôle qui déclenchèrent un tremblement de terre dans les mines de l’île.

Après une rude journée de labeur passée à recueillir ces informations, nous décidâmes de fêter la fin de l’été dans quelques tavernes Lorgoloises. Neuf tavernes plus tard, alors que nous rentrions chez nous à l’auberge de la Magnificence, nous tombâmes nez à nez avec une patrouille de miliciens que Memneth cru bon d’interpeller par cette exclamation avinée :« encuuullllléééééés ». Je réussis tout juste à m’enfuire pour regarder mes deux compagnons faire …. bien piètre figure … et se faire conduire dans les cachots de la ville pour cuver.
Peut être n’aurais-je pas du parler de cela à ce haut mage du Cryptogramme lorsqu’il me demanda ou était Memneth mais la tentation, vous le comprendrez, était bien trop grande.

Le lendemain, premier jour de l’automne, nous décidâmes de partir pour l’île de Dragstalle. Le voyage se passa sans incident majeur. Le 2ème soir, nous nous arrêtâmes à l’auberge des milles couleurs, nommée ainsi car son propriétaire avait eu le mauvais goût de barioler chaque centimètre carré des murs de son établissement. C’est là que nous rencontrâmes Morès, un mercenaire ogre travaillant pour le compte d’un riche marchand se rendant à Dragstalle. Après un échange de civilité de circonstance, Morès nous entraîna dans une partie de dés dont ma bourse (et celle de mes compagnons) se ressent encore. Après une bonne nuit de sommeil et une nouvelle chevauchée nous arrivions enfin à Dragstalle, peu avant son ouverture officielle.
 

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Un pont trop loin

Après avoir patientés toute l’après midi près des comptoirs marchands de Dragstalle en compagnie de nombreux voyageurs et vendeurs de tous poils, la milice décida d’autoriser l’accès au pont. Ne désirant pas participer à la ruée qui s’en suivit, nous décidions de traverser le pont un peu en retrait. Il faut dire que ce pont, ses origines et ses motifs architecturaux nous intriguaient beaucoup. L’armature du pont ressemblait en effet à un immense dragon d’eau et sur le pont, à intervalles réguliers se dressaient des statues représentant tantôt des créatures mythiques, tantôt des artisans en plein travail. Sur le sol, des motifs gravés sur toute la largeur et la longueur semblaient indiquer une sorte de « chemin »
Bien évidemment nous y sommes tous allés de notre petite expérience sur ce pont et les résultats obtenus dépassèrent de loin nos prévisions.
- Zenekyn, après une longue concentration sur une des statues s’est retrouvé sur la rambarde du pont et a tenté de se jeter à la mer.
- Votre serviteur, après s’être allongé sur ce « chemin », tenta de ressentir les émotions du pont. Cette œuvre de la Cyse léguée par mon ancêtre Morgon Flamme bleue est en quelque sorte comparable à la psychométrie de la geste. Le résultat fut plus que stupéfiant et je me remémore maintenant (et je me répète 100 fois) les conseils de mon ancêtre me disant « Jamais dans un lieu riche en éclat tu ne devras utiliser cette œuvre » car la sensibilité aux émotions est alors décuplée (surtout lorsque l’on choisi une qualité de 10 et que l’on utilise un point d’héroïsme pour réussir…). Je ne vous conterais pas en détail ma vision mais sachez toutefois que je me suis vu, tel un immense dragon, barrer la route menant à cette île de quelqu'un à qui je n’aurais jamais du faire cela (sans savoir qui). J’ai également vu que quelqu'un se trouvait derrière moi pour me commander de faire cela et qu’un intense sentiment de trahison me parcourait (et me parcoure désormais). Après cet épisode, je me suis vu pondre et pondre encore des milliers d’œufs puis en fin me suicider.

Après cet épisode nous décidions de nous installer à l’Auberge du Marteau Fort où Memneth devait rencontrer Linsin. L’aubergiste, un certain Gred, nous accueillit à bras ouverts (il faut dire qu’il n’avait pas vu un client depuis près de 2 ans) et nous mit au courant des coutumes locales :
- le 4ème jour de l’automne (demain) il est interdit de porter du rouge et de forger
- le 5ème jour est la journée des maudits ! Les gens se déguisent en êtres informes et parcourent les rues (soit disant pour amener la fécondité ou je ne sais quelle absurdité)
- le 6ème jour est le jour des maisons colorées. Certaines maisons changent de couleur sans que l’on sache pourquoi.

Le soir nous allions assister à la cérémonie des Hautes Pierres : ils sont 21 et chaque race est représentée. Les Haute Pierres sont répartis en cinq « corporations » : les mineurs, les forgerons, les nains de l’équerre, les gens des villes et ceux des forêts. Les décrets annoncés cette année sont :
- Aucune mine ne sera en activité
- Aucun objet réfléchissant ne sera façonné
- Tous les miroirs seront détruits

Pendant la cérémonie, Zenenkyn fut intrigué par sa voisine, une fée noire répondant au nom de Ficule. Il engagea aussitôt une conversation inaudible vu la distance à laquelle je me trouvais…
Je décidais d’aller jeter un coup d’œil à la bibliothèque afin d’étudier les décrets prononcés ces 70 dernières années. Les constatations que j’ai pu tirer des archives sont les suivantes :
- Les mines ne sont jamais exploitées en totalité
- Il y a toujours dans les décrets une représentation, un objet et un lieu qui sont interdits.
- L’année dernière, les représentations de Dragons et les objets en forme de gouttes étaient interdits, ainsi que le fait d’abandonner ou de tuer ses enfants difformes.
- Les mines semblent être interdites suivant un ordre logique, par zone successive d’une carte

De retour à l’auberge pour souper, nous décidions d’aller faire un tour du coté de la tour bleue. Juste après l’entrée des ruines, je restais silencieusement en arrière afin de m’assurer que nous n’étions pas suivis. Lorsque la silhouette sombre passa le pas de la porte, au lieu de le trancher en deux (ou plus) comme n’importe quel être sensé l’aurait fait, j’ai préféré lui demander de décliner son identité au cas ou les intentions de cet homme ne soient pas totalement malhonnêtes. Mal m’en a pris et un malheureux concours de circonstances et beaucoup de malchance font que je dois la vie sauve uniquement au retour précipité de Memneth. Vu mon état qui nécessitait moultes soins, nous ne pouvions pas continuer notre exploration des lieux et décidâmes de retourner pour la nuit à l’auberge. Le cadavre que nous laissions derrière nous était celui d’un mercenaire que nous avions croisés sur la route de Lorgol. Ses seules possessions dignes d’intérêt étaient un pendentif en forme de larme. Seul petit problème : lorsque nous avions croisés cet homme sur la route, il était accompagné de deux comparses !

De retour à l’auberge, Zenekyn tomba nez à nez avec une de ses vieille connaissance : Sensheghi.
 

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